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A l'aube du 7ème Art!

A l'aube du 7ème Art!
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24 décembre 2008

L'impasse - Brian De Palma

18686457Carlito's Way (1993)
Film américain réalisé par Brian De Palma
Avec Al Pacino, Sean Penn, Pénélope Ann Miller, John Leguizamo, Luis Guzman...

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En 1975, à New York, Carlito Brigante, un ancien trafiquant de drogue, est libéré de prison grâce à David Kleinfeld, son avocat, qui a découvert plusieurs vices de forme dans la manière dont le procureur Bill Norwalk avait instruit le procès. Carlito est bien décidé à rentrer dans le droit chemin et, dès qu'il aura économisé assez d'argent, il compte se retirer aux Bahamas pour s'assurer une retraite paisible avec Gail, sa compagne danseuse dans une boîte de strip-tease. Mais le destin en décidera autrement.

Il aura fallu attendre plus de dix longues années pour voir se former à nouveau le duo Al Pacino/Brian De Palma, déjà à l’origine du ravalement de façade du mythique Scarface d’Howard Hawks sorti en 1983. Après deux échecs aussi bien critiques que publics dans la carrière du cinéaste, Le Bûcher des Vanités (The Bonfire of the Vanities, 1991) et L’esprit de Caïn (Raising Cain, 1992) comptant parmi les œuvres les plus mineures de sa filmographie, Brian De Palma se voit confié par le producteur Martin Bregman l’adaptation de deux romans d’Edwin Torres, Carlito’s Way et After Hours. D’abord accueilli tièdement par le public qui en attendait un nouveau Scarface, le film finira par obtenir une aura culte plusieurs années après sa sortie, au point d’être considéré aujourd’hui comme l’une des plus grandes réussites de son auteur.

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Film miroir de Scarface par bien des aspects, L’impasse se différencie néanmoins de son aîné par une approche inédite du genre qu’il investit, dynamitant ses codes et remettant constamment en question son personnage central, ses certitudes, et les valeurs qui l’habitent. Une figure iconique, archétypale, sorte de contre-champ de Tony Montana, dont l’ambition se limite à une poignée de dollars nécessaire à l’achat des parts d’un magasin de location de voitures, là où le jeune chien fou du précédent métrage de De Palma cherchait à régner d’une main d’acier sur la ville. Cette approche spécifique impliquant une structure narrative réétudiée, le récit ne se limite pas au schéma classique ascension/sommet/chute, mais s’attache au contraire en permanence à mettre en exergue la méfiance que la ville et ses changements inspirent désormais au protagoniste, poussé par un désir de libération mais cloué au sol par son attachement à des valeurs qui n’ont plus lieu d’être et qu’il est désormais seul à respecter. En cela L’impasse est moins le parcours d’un gangster décidé à se ranger que la renaissance d’une figure mythologique catapultée à une époque qui n’est pas la sienne et au sein de laquelle tous ses repères semblent s’être dissous. Cet enjeu central, récurrent tout au long du récit, s’entrevoit par ailleurs dès les premières minutes de métrage, où les codes d’honneur qui animaient autrefois la rue et ses habitants laisse place à la loi du flingue au cours d’une scène où le personnage assiste impuissant au meurtre de son cousin.

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Des valeurs ancestrales constamment bousculées donc, clé de voûte du récit qui propulse constamment le personnage face à ses propres contradictions, de nouvelles impasses qui confrontent ses désirs de libération aux principes et aux codes qui l’emprisonnent. Parmi la multitude de personnages secondaires qui peuplent le récit, tels ceux incarnés par Viggo Mortensen, Luis Guzman ou Sean Penn, tous témoins du passé de Carlito et animés d’un même respect pour la légende qu’il représente, aucun ne semble désormais suivre la ligne de conduite autrefois intrinsèque au milieu, tous obéissant aux dérives d’une époque où l’intérêt personnel prime sur des valeurs jadis inébranlables (Carlito trouvera un micro sur le protagoniste campé par Mortensen au cours d’une conversation; Kleinfield, l’avocat du personnage principal, tentera de le renvoyer au trou pour couvrir ses magouilles personnelles ; etc…). Le récit est ainsi ponctué d’impasses dans lesquelles se retrouvera coincé malgré lui le personnage central, la première étant mise en avant dès l’introduction du métrage: une mort établie et inévitable, que la narration va pourtant essayer de faire oublier au spectateur. Seule alternative à ce chemin tout tracé, le personnage de Gail, campé par la sublime Pénélope Ann Miller, unique porte de sortie que Carlito tardera à emprunter, marquée elle aussi des stigmates de la ville (la boîte de strip-tease dans laquelle la surprendra Carlito), mais également porteuse de rêve (la danse classique), seule étincelle au cœur de la nuit.

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A cette renaissance, ce nouveau regard porté avec des yeux neufs, la mise en scène accorde un traitement qui privilégie le plan séquence, dont certains comptent parmi les plus beaux et les plus complexes jamais réalisés par le cinéaste (la poursuite finale dans la gare, mais aussi de nombreuses séquences se déroulant dans la boîte de nuit), découvrant progressivement l’espace, témoins de la tentative de fuite du personnage dans des cadres à la composition de plus en plus restreinte. Une mise en scène qui prend son temps, laisse avant tout parler ses cadres, la durée de ses plans, dessine progressivement l’espace avant d’en contrarier la logique par des choix d’angles tortueux et un travail sur la profondeur de champ qui accentue le sentiment de perte d’équilibre de la narration, et une caméra en mouvement permanant, qui scrute le décor avant de le refermer implacablement sur le personnage central (deux panoramiques en contre-plongée se faisant écho, le premier pendant la scène du bowling au début du film, le second lors du dernier passage de Carlito dans la boîte de nuit). Aux fulgurances visuelles de De Palma s’ajoute une direction d’acteur irréprochable, Al Pacino et l’hallucinant Sean Penn offrant des prestations des plus mémorables.

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Oeuvre ultime sur le genre, à la fois récit à la fatalité tragique et dynamitage aussi bien structurel que thématique des codes qu’il sous-tend, L’impasse s’impose définitivement comme un film somme dans la filmographie de De Palma. Assurément la plus grande réussite de son auteur. 

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26 février 2008

Steven Seagal...what else?

steven_segal

"J'aimerais qu'on se souvienne de moi comme d'un artiste, pas seulement comme d'un sexe-symbole"

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